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Vaison la Romaine antique

   Vaison la Romaine, petite ville tranquille, mérite que l'on vienne découvrir les vestiges de son riche passé. Elle est située sur les rives de l'Ouvèze, dans un paysage de collines formant transition entre la plaine du Comtat et les préalpes des Baronnies.

  Vaison jouit d'une grande renommée grâce à ses 7 hectares de fouilles gallo-romaines dégagées (grandes domus et villae, théâtre et thermes, voie dallée bordée de boutiques...) qui lui ont valu la dénomination officielle de Vaison-La-Romaine en 1924. Néanmoins, l'importance de ces vestiges ne doit pas faire oublier que le site fut occupé avant et après l'époque gallo-romaine : Existence d'un foyer de l'époque chalcolithique sous une boutique antique dans le quartier de Puymin, localisation de la capitale préromaine de la peuplade des Voconces sur le versant nord du rocher situé sur la rive gauche de l'Ouvèze, développement de la cité dans la vallée à l'époque antique et médiévale, puis sur la hauteur rocheuse portant le Château des Comtes de Toulouse à partir du XIIIème siècle, développement d'un faubourg au XVIe siècle aux abords du pont romain...

 

La ville gallo-romaine

  La découverte de vestiges antiques sur Vaison est ancienne, mais ce n'est qu'à partir de 1907 que de véritables fouilles furent entreprises par le Chanoine Sautel et que le grand public commença à découvrir ce patrimoine. Ses travaux, mais surtout les restaurations, furent largement financées, de 1924 à 1940, par le mécénat d'un industriel d'origine alsacienne, Maurice Burrus, dont le nom, rappelle celui d'un autre Vaisonnais illustre, Sextius Afranius Burrus, le précepteur de Néron.

  Vasio était la capitale politique de la peuplade des Voconces comme l'indique d'ailleurs sa titulature Vasio Vocontiorum. L'administration romaine en fit, dès le Ie siècle avant J.-C., une cité fédérée (civitas foederata). La ville gallo-romaine était bâtie sur la rive droite de l'Ouvèze au creux de sept collines : Puymin, Mars, Théos, la Buisserette, Sus-Auze, Maraudy sur la rive droite et le rocher de la rive gauche qui fut peut-être l'emplacement de l'oppidum voconce. La position des aires sépulcrales, toujours à l'extérieur de l'agglomération, a permis de l' estimer entre 60 et 70 hectares. Nous en connaissons aujourd'hui quelques bâtiments publics et surtout des habitations luxueuses, 4/5e de la ville antique demeure enfoui sous les constructions modernes. L'aquisition des habitudes de vie de la civilisation romaine, nous est à peu près connu : Les voconces commencèrent a délaisser leur oppidum au cours de la seconde moitié du 1er siècle avant J.-C.. L'urbanisme partit d'un noyau d'exploitations agricoles. Elles se métamorphosèrent en habitations de ville lors de la création des voies de circulation et de l'édification des grands bâtiments publics dans la seconde moitié du Ier siècle après J.-C. L'état actuel du site est à peu près celui du IIème siècle.

  Les sites archéologiques de Puymin et de La Villasse sont principalement constitués de rues bordées de boutiques et d'habitations de ville ou de quartiers artisanaux. L'ampleur des habitats urbains luxueux en fait l'originalité et démarque Vaison la Romaine de ses consoeurs provençales, Arles, Nîmes, Orange etc., plus connues pour leurs monuments publics. A Vaison, les édifices publics ne sont pas totalement absents (théâtre, ensembles thermaux, sanctuaire à portiques, pont...), mais les vestiges de constructions privées dominent. Vasio dégage une atmosphère de vie quotidienne que l'on perçoit très bien en parcourant le musée ...

  Les maisons de la classe aisée de la société s'étendaient sur 2000 à 5000 m2. Elles étaient organisées autour de cours à portiques et d'enfilades de salles ouvrant sur des perspectives, des jardins, des jeux d'eau qui les rapprochaient des exemples campaniens.

  La Maison à l'Apollon Laurée (ou la Maison dite des Messii) est située immédiatement à l'entrée de Puymin. Cette Domus de 2 000 m² est incomplète en raison de la proximité des constructions actuelles. Deux accès donnent sur la "Rue du Théâtre". Le premier est en relation avec le balnéaire (thermes privés) et une grande salle. De là, un couloir conduit à une petite cour qui éclairait diverses pièces dont le tablinum (bureau du maître) et une salle à mosaïque (emplacement du laraire ? ). Du tablinum, on pénètre dans le péristyle sur lequel ouvrent l'oecus, pièce d'apparat au sol pavé de marbres polychromes, une montée d'escaliers donnant aux latrines (W-C collectifs), puis une longue salle dotée d'une colonnade centrale. Certaines des pièces de l'habitation n'ont pu être identifié. La maison possède une deuxième accès à partir de la "rue du Théâtre". Il donne directement dans une cour de service proche de l'espace de chauffe des thermes, de la cuisine et d'une grande salle a pu servir de salle à manger.

  Les thermes privés étaient composés de plusieurs pièces : Les salles tiède (tepidarium) et chaudes (caldarium) étaient chauffées par une circulation d'air chaud sous le sol et dans les murs : le système de colonnettes en brique porteuses du sol de circulation est partiellement conservé.

  Plus au nord, la maison à la Tonnelle, d'une superficie de 3 000 m² environ, présente des secteurs d'activité avec four pour la cuisson du pain, dolium (jarre de grande capacité servant de réserve à grain), bassin.

  Dans le site de La Villasse, le paysage est dominé par la perspective sur une voie nord-sud bordée de boutiques qui marque les esprits. Elle est pavée de gros blocs de pierres polygonaux.

  De la rue, on accédait à La Maison du Buste en Argent ". La maison, de 5000 m2 au sol était organisee autour de trois cours répondant aux impératifs de lumière et d'aération. Au nord de l'atrium, on a identifier l'emplacement de la cuisine, de l'office et des celliers. Le bureau du maître s'élevait à l'ouest à proximité de deux autres espaces à l'air libre situés sur un même axe, un grand jardin à portiques (viridarium) en contrebas, et une petite cour. Ce type d'enfilade de pièces, portiques et cours, est une caractéristique de l'architecture privée du IIème siècle Les pièces d'apparat se trouvaient, semble-t-il, dans le secteur nord de l'habitation. L'une d'elles est agrémentée d'une réplique de la statue de Domitien (original en marbre au musé).

  Le secteur ouest de la maison, à partir d'une vaste aire dégagée entourée de portiques et dotée d'une piscine, de latrines et de bains, était un ancien ensemble thermal public. L'appropriation de cet espace par un particulier explique l'immensité de l'habitation.

  Au sud de la Maison du Buste en Argent s'étendaient deux habitations dont n'ont été dégagées que quelques pièces. Dans l'une d'elle voir le pavement de mosaïque polychrome et les enduits muraux (IVème style pompéien).

  La Maison au Dauphin tire son nom du dauphin chevauché par un cupidon (musée). L'évolution de la maison a pu être restitués : En 40 - 30 avant J.-C., une exploitation agricole s'organisait autour d'un péristyle (sans bassin). Cette première ferme de 1 400 m² était alimentée par un puits. En 10 - 20 après J.-C., les bains privés y furent intégrés au nord (50 m²). De grandes transformations suivirent le percement à l'ouest de la voie piétonne vers 80 - 100 après J.-C.. On entrait par un atrium tétrastyle (à quatre colonnes), desservant les latrines (une trentaine de places assises), le tablinum et d'autres pièces qui ouvraient également sur le péristyle et le grand jardin sud. La cuisine et les celliers, les thermes se trouvaient dans l'aile nord bien desservit par un égout. Au début du IIème siècle, cette habitation urbaine couvrait 2 700 m², dont 1 800 habitables (voir les deux maquettes de cette maison au musée archéologique).

 

Légende de photographies.

 

Sanctuaire à Portique

  Ce grand jardin public entouré de galeries avait sans doute une vocation religieuse comme peut le laisser entrevoir la disposition d'une pièce carrée possédant un piédestal. Actuellement les niches de la galerie sont occupées par des moulages de statues dont celle du Diadumène (réplique de l'original du sculpteur grec Polyclète, la statue de Vaison est au British Museum de Londres) et celles d'Hadrien et de son épouse Sabine (originaux au Musée).

 

Le Nymphée

  Deux bassins étagés y recevaient l'eau d'un aqueduc provenant du nord de la ville.

 

Le théâtre

  Au XIXème siècle, seuls deux arceaux émergeaient de la pente nord de la colline de Puymin. Le théâtre fouillé par le Chanoine Sautel dès 1907, puis restauré en 1930 - 1932 par l'architecte Jules Formigé, est daté du 1er siècle avec des reprises au IIIème siècle. La cavea, constituée de 32 rangs de gradins, a un diamètre de 96 m.ce qui en fait un édifice d'une taille moyenne. L'orchestra a conservé la trace des trois rangs qui recevaient les sièges des hauts personnages. On peut encore voir, derrière les vestiges du mur d'avant-scène, le fossé qui logeait autrefois le mécanisme du lever de rideau, puis les grandes fosses des hyposcaenia qui étaient destinées aux machineries et où ont été retrouvées les statues impériales de Claude, Domitien, Hadrien et Sabine. Les bases du mur de scène taillées dans la roche indiquent l'emplacement des trois portes qu'empruntaient les acteurs.

  Le Musée est implanté au coeur des sites d'où provient le mobilier archéologique. Pour cette raison une . visite y est indispensable pour définir le contenu des structures gallo- romaines parcourus à l'extérieurs qui ne sont plus des édifices, mais des ruines dépouillées de leurs décors et de leurs mobiliers.

  Les galeries d'exposition sont éclairées par un patio central. La galerie Nord abrite les éléments lapidaires autels, cippes, inscriptions funéraires et honorifiques, et surtout, ce qui constitue l'un des pôles d'intérêt, l'exceptionnel ensemble de grandes statues impériales en marbres de Claude, de Domitien, d'Hadrien et de son épouse Sabine.

  Claude, empereur de 41 à 54 (H. 1,90m) est statufié dans l'attitude de l'orateur, vêtu d'une draperie. Cette statue a peut-être été mise en place à l'occasion de son passage dans la région alors qu'il se rendait en Bretagne (îles britanniques) en 43 après J.-C.

  Statue cuirassée (H. 1,84m) : Une tête de Domitien (empereur de 81 à 96) a été mise en place sur cette statue dont la cuirasse mérite une description : sous la tête de Gorgone présentée de face, Minerve casquée, se tient droite armée d'une lance et d'un bouclier. Deux Victoires aux ailes déployées l'entourent. L'ensemble est ouvragé par de fins rinceaux au relief moins marqué. Les lambrequins sont ornés de têtes de méduse, de trophées, de faces barbues grimaçantes. Ce décor remonte à la fin du règne de Claude, peut-être à celui de Néron.

  Hadrien, empereur de 117 à 138 (H. 2,16m) : l'empereur est nu, à l'exception du manteau couvrant l'épaule gauche et de la couronne végétale à médaillon axial qui marquent la dignité impériale. Hadrien qui avait un goût développé pour la culture hellénique avait choisi de se faire représenter avec un corps idéalisé et athlétique selon la convention grecque du IVe siècle av. J.-C..

  Sabine, impératrice (H. 2,16m) : L'épouse d'Hadrien a les cheveux coiffés en tour suivant la mode de son époque. Les mèches au-dessus du front sont travaillées en diadème, puis surmontées d'une tresse qui couronne la tête.

  La Vénus Laurée (H. 0,26m) : Cette tête en marbre blanc a été découverte dans la Maison des Messii en 1925. Elle est datée du IIe s. ap. J.-C. mais reproduit un original grec de la fin du Ve s. av. J.-C.

  La salle consacrée à la vie quotidienne est organisé autour du thème de la maison gallo-romaine développé à partir de deux maquettes de la Maison au Dauphin qui mettent en évidence son extraordinaire évolution. A proximité, une toiture est partiellement reconstituée. Plus loin des panneaux de peintures murales du IIIe style pompéien et deux mosaïques polychromes (Villa du Paon . 70 et 100 ap. J.-C.).donnent une idée de la décoration intérieure des luxueuses habitations autrefois complétée par des menuiseries, draperies et petites sculptures en marbre et en orfévrerie comme en témoigne le Buste en Argent (H. 29,5 cm) d'un patricien romain (second quart du IIIe s).

  Les ustensiles sont répartis en diverses vitrines sur l'éclairage (lampes à huile et un bougeoir), sur la céramique (vaisselle commune utilisée en cuisine ainsi que des poteries sigillées, plus luxueuses), sur la toilette (bijoux , instruments nécessaires aux soins du corps), sur les jeux et l'écriture. Ils rappellent les gestes familiers des hommes et des femmes qui vivaient à Vasio il y a deux mille ans.

  Une vidéo parachève d'informer le visiteur en lui faisant parcourir le site archéologique dont les monuments qui ne sont pas encore ouverts au public, comme la villa du Paon et les vastes thermes publics situées au nord de la ville antique.

 

La cathédrale Notre-Dame de Nazareth

  Elle est une intéressante production de l'école romane de Provence. A l'extérieur, on peut voir une abside flanquée de deux absidioles dont les fondations reposent sur des éléments d'architecture antiques récupérés (chapiteaux, tambours de colonne) et les substructions d'un bâtiment paléochrétien dont on retrouve une colonne cannelée à l'intérieur (première travée du collatéral Nord).

  La cathédrale actuelle a conservé, du XIe siècle, les voûtes en cul-de-four de l'abside et des absidiole, des chapiteaux et des murs, la cathèdre, (siège épiscopal) et les bancs presbytéraux anciennement occupés par les chanoines du cloître. Les tables d' autel en marbre blanc datent de la même époque. Celui du choeur est posé sur une plaque décorée de strigiles, mais c'est dans l'absidiole gauche que se trouve le plus bel exemplaire. Il est orné du chrisme entouré par deux colombes et du vase pansu encadré de feuilles de vigne et de pampres de raisin, longtemps emblème de Vaison.

  Au XIIème siècle, lors de l'élévation des voûtes dans les nefs, les murs furent épaissis, les piliers cruciformes et les contreforts construits. La croisée du transept fut couverte par une coupole octogonale sur trompes portant le symbole des quatre évangélistes. Les bas-côtés furent couverts par une voûte rampante doublée par des arcs au niveau des piliers cruciformes. Les constructeurs romans éclairèrent la nef grâce des fenêtres percées à la base de la voûte en berceau brisé ce qui est rare en Provence.

  Le cloître fut construit au XIème et XIIème siècle au nord de la cathédrale. Les annexes ont disparu, il n'en subsiste que quelques murs et un puits au nord du déambulatoire. Trois galeries sont d'origine, celle du sud ayant été reconstruite par l'architecte Revoil à la fin du XIXème siècle. De la galerie nord, on a une vue magnifique sur le clocher (XIIIème siècle) et la cathédrale (entablements soignés. inscription latine).

  Les galeries sont ajourées par des arcs de décharge sous lesquels trois petites baies s'appuient sur les chapiteaux de colonnettes géminées. La plupart des chapîteaux sont en marbre récupérés dans les vestiges antiques. Ils sont décorées de feuilles d'eau, mais dans la galerie est, quelques corbeilles sont ouvragées de feuilles d'acanthe, d' entrelacs et de figurines. Dans la galerie est, un visage d'homme avec cornes et bacchantes est gravé dans la clé d'un linteau (Christ ,).

  De nombreux éléments lapidaires ont été rassemblés dans le cloître : deux autels tabulaires, un sarcophage chrétien en marbre du IVème ou Vème siècle, des pierres tubulaires, des inscriptions chrétiennes, des chapiteaux, des fragments de chancel carolingiennes, une belle croix à deux faces de la fin du XVème siècle etc.

 

  La chapelle Saint-Quenin, située au nord de la cathédrale comporte une très curieuse abside triangulaire de la fin du XIIème siècle avec colonnes et frise d'inspiration antique.. A l'intérieur, l'abside, en cul-de-four nervé, est précédée d'une courte travée sur laquelle ouvrent, deux absidioles. L'ensemble est décorées de chapiteaux corinthiens, de colonnettes à cannelures droites ou torses et d'une corniche décorative. La nef a été reconstruite au XVIIème siècle.

 

La Haute-Ville.

  Il faut franchir le pont romain pour rejoindre la cité perchée sur son rocher et entourée d'une enceinte du XIVème siècle. On y entre par une porte fortifiée que domine la tour du Beffroi surmontée d'un campanile en fer forgé de 1786. Parcourant alors les vieilles calades, rues étroites, depuis restaurées en galets de l'Ouvèze, on peut se promener, sans itinéraire précis et découvrir les façades de l'église cathédrale (XV-XVIIIe s), de l'ancien presbytère, de la chapelle Sainte Constance, de la maison du Prévôt du chapitre (XVIIème - XVIIIème siècle), de la maison de Montfort. On peut profiter sur la place du Vieux Marché de la fraicheur procurée par la fontaine du XVIIIème siècle, monter jusqu'au château pour découvir la vue sur Vaison et le Ventoux. Le château a été bâti sous l'autorité des comtes de Toulouse au sommet de la falaise. Trois corps de bâtiment, flanqués d'un donjon carré entourent une cour intérieure. L'ensemble remonte à la fin du XIIème siècle, avec remaniements et adjonctions du XVème siècle (bretèche, échauguette, barbacane, canonnières) ; les salles intérieures sont voûtées en berceau brisé.

  Devenue totalement déserte au début du siècle la Haute-Ville retrouve aujourd'hui une relative animation (artistes, d'artisans d'art, petit théâtre). Les ruines sont restaurées.

 

  Références: Madame BEZIN, du service du patrimoine de Vaison.

 

 


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